Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/107

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et, de fait, la fédération épiscopale a été de nouveau reconnue. Les évêques, nommés par les princes devenus à leur place les représentants des peuples, n’ont plus été qu’agréés par le pape. La primauté du Saint-Siège n’est donc plus, en ce moment, quant à la hiérarchie, qu’un symbole, et quant à la foi, qu’une sorte de Cour de cassation ecclésiastique. Le mouvement ne s’est pas arrêté là, et bien qu’il ait été constamment dissimulé, réprimé et nié par la puissance ecclésiastique, sa réalité n’en ressort qu’avec plus d’éclat. Le principe du libre examen, reconnu par les états à mesure qu’ils sortaient du giron de l’Église, impossible à nier en soi, s’est tourné contre l’Eglise ; la faculté d’examiner est devenue faculté de décider, et c’est ce qui ramené invinciblement le Christianisme à son point de départ, à la démocratie, à la dissolution.

Pourquoi ce mouvement d’ascension et de décadence, que d’après votre façon de parler, vous attribuez au christianisme, mais qui dans la réalité n’appartient qu’à l’humaine nature ? Les saintes Écritures nous en donnent la seule raison que nous puissions concevoir : Propter duritiam cordis eorum ; et encore, Non potestis portare. De même que Jésus ne révélait que peu à peu, à ses disciples, les profondeurs de sa doctrine, à cause de l’état d’infirmité de leurs âmes ; de même, c’est à un état pathologique de noire nature, qu’il faut attribuer cet affaiblissement de la foi, dans lequel les philosophes croient trouver la preuve de l’origine naturelle et de la corruptibilité de la religion. Une diminution de capacité pour les choses de la foi, dans le cœur des hommes, n’est pas plus difficile à admet-