Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/109

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enfants : après leur avoir tout appris , elle ne pouvait plus que combattre l’éternel contradicteur, celui qui, selon la bible, dit toujours non, le Satan de l’incrédulité. La parole de Dieu, entrant dans le monde par l’audition, fides ex auditu, peut bien se produire par parties : il implique qu’elle se réforme, elle n’est susceptible ni d’augmentation, ni de diminution. Le caractère de l’Eglise est donc de garder le statu quo. Mais la raison de l’homme est infatigable dans ses investigations ; et plus ses points de vue se multiplient, plus elle devient inquiète, insoumise, sur l’objet de la religion. Là est la pierre de scandale de notre foi. Nous voudrions l’accommoder à notre philosophie, l’éclairer de nos nouvelles lumières, tandis qu’elle ne peut avoir rien de commun avec elles. Quid mihi et tibi est, mulier ? dit le Christ à Marie, symbole de notre humanité. Aussi, est-ce avec une profonde inconséquence que certains esprits, plus zélés que prudents, ont essayé de faire évoluer, comme ils disent, le monument désormais achevé du génie chrétien. Comme si le génie chrétien était autre chose que l’idée immuable de Dieu ! Mais l’Eglise, avec une merveilleuse inspiration, ne les a point suivis. Bossuet, Fénelon, disciples de Descartes, essayent en vain de philosopher sur la foi : l’exemple de Malebranche et des jansénistes leur démontre bientôt l’impossibilité de soumettre les choses de la foi aux mesures de la raison. Autant, un siècle plus tard, on vit le clergé rebelle à sa constitution prétendue civile, autant le dogme qu’il défend se montre rebelle à la philosophie. La langue pourrait-elle déguster la flamme, et la lime