Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/115

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de Maistre, etc., ne purent rendre à l’Eglise une influence acquise désormais à d’autres idées. Le sacerdoce condamné à rester dans sa discipline et dans sa foi, son retour ne parut à la génération révolutionnée, que ce qu’il était véritablement, une transaction tout humaine, affaire de sacristie et de reliquaire. La piété faiblit bientôt, et rapidement : quinze, seize ans s’étaient à peine écoulés depuis la réouverture des églises, lorsque l’abbé de Lamennais jeta son fameux cri d’alarme, l'Indifférence !

Indifférence ! voilà où en était le pays à la rentrée des Bourbons. L’Empereur avait cru rétablir le culte ; il n’avait fait que remplacer l’intolérance par l’indifférence, enveloppant dans le même sentiment le christianisme et toute religion. Cette aptitude du cœur, premier don de la grâce, qui avait amené la conversion du gentil et du barbare ; qui avait soupiré un instant dans les œuvres déistes de Rousseau et de Bernardin de Saint-Pierre et avait motivé le Concordat, maintenant elle était complètement éteinte. Il n’y avait plus, dans les âmes, de place pour la foi, et tandis qu’en 93, sous la Terreur, les pages de l’Indifférence eussent effrayé peut-être, en 1820 elles ne paraissaient plus que ridicules.

A cette voix, cependant, qui révéla la profondeur de l’incrédulité, il y eut un tressaillement dans l’Eglise. Une croisade apostolique fut organisée, sous les auspices du nouveau pouvoir, contre la philosophie et la révolution. L’année 1825 fut la grande époque des missions, suivie, en 1826, du jubilé. Eh bien ! qu’a produit cette surexcitation