Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/118

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est celle de l’abbé Desgenettes, curé de Notre-Dame des Victoires, fondateur d’une société en l’honneur de la Vierge, dont il prétend avoir eu une révélation en disant sa messe. Moyennant un sou par semaine, chaque confrère et consœur participe aux suffrages de la société ; et ce sou, à ce qu’on assure, produit à M. Desgenettes des millions. Que ne le fait-on ministre des finances ! Maintenant ab uno disce omnes. Mesurez, d’après les exercices de M. Desgenettes, la puissance d’inspiration du christianisme dans notre clergé. Calculez son influence sur un siècle dix fois plus savant que celui de Constantin, et dix fois plus orgueilleux de sa science ; et puis comptez sur la hauteur de doctrine, sur l’autorité du don prophétique, pour rendre à l’Église le gouvernement des sociétés modernes. Le sacerdoce s’affaisse, vous dis-je, et la religion envolée retourne au ciel d’où elle est venue.

Une révolution éclate : tous les écrivains l’ont annoncée ; le prêtre seul n’a rien dit. Une république est proclamée : avant de la connaître, il lui offre ses prières. Des sectaires proposent leurs théories : il ne sait s’il doit applaudir ou condamner. Il y a des prêtres socialistes, il y en a d’anti-socialistes. Enfin, les bourgeois, les riches, ceux que Brydayne appelait les oppresseurs de l’humanité souffrante, lui révèlent que le socialisme, qui ne croit pas à Malthus, ne croit pas davantage à l’Église ; et pour sauver l’église, le sacerdoce se fait malthusien. Il flétrit, comme athée, le socialisme, sur la dénonciation de ces avares qui ne connurent jamais Dieu, et qui prennent le miroitement de leurs écus pour le soleil de la religion !