Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Non, il n’y a plus de sacerdoce, il n’y a plus de foi. Le christianisme ne tient plus qu’à cet instinct phosphorescent, dont je vous ai signalé l’extinction continue depuis Voltaire, qu’entretient, sous prétexte d’art, une littérature sensualiste ; qu’adorent vos Héloïses nymphomanes, et que Robespierre, l’homme dont l’intelligence ne conçut, dont le cœur n’aima jamais rien, définissait l'Être suprême.

Connaissez-vous rien de plus niais que cet Être suprême, qui ressemble à un dieu comme l’ordre de vos doctrinaires ressemble à une politique, comme la confiance des agioteurs ressemble à une économie ? Parlez-moi d’Allah, de Jéhovah, de Baal, de Brahma, de Pan, d’Osiris, de Vénus, de Thor, de Zeus, de cet Esprit qui dans toutes les théogonies féconde les Vierges, et que les Grecs personnifièrent en Priape ; prenez, si vous voulez, les animaux et les légumes des Égyptiens : voilà des dieux vivants et significatifs, symboles plus ou moins grossiers, révélations préparatoires du Dieu chrétien. Mais l’Être suprême, Bone Deus ! de quelle religion fut-il jamais, l’Être suprême ?

C'est pourtant ce fantôme dont la vogue, ravivée par la flamme impure de la politique et des intérêts, conserve au christianisme un dernier souffle. Otez l’Être suprême, ôtez cet absolu dialectique, théomorphisé par les jacobins, les romantiques, et quelques communautaires ; et l’idée de Dieu aura disparu de la société, il n’y aura plus de religion.

Et vous me demandez si je crois à une seconde mission de l’Église chrétienne ? si je crois que cette Église, ainsi restaurée, puisse fournir à l’état qui