Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/121

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événements s’accomplissent ! Bien pauvre serait notre foi, si nous la faisions dépendre du nombre des élus ; bien faible notre espérance, si elle avait besoin de garanties temporelles ; bien mesquine notre charité s’il lui fallait pour aliment l’approbation des hommes ! Le Christ est venu, le Christ se retire : qu’il soit glorifié à tout jamais par ceux qui, ne l’ayant pas vu, ont recueilli son amour, et qui attestent sa parole !...

Que la religion puisse ainsi se distinguer de l’humanité, comme l’entendait ce prêtre ; que ce soit celle-ci qui change, tandis que la première demeure immuable ; ou bien que toutes deux confondant leur existence, la religion, de même que l’état, n’étant qu’une des formes de la société, le même mouvement les entraîne l’une et l’autre ; le résultat pour nous est absolument le même. Louis-Napoléon ne peut se séparer de la société dont il est le chef : donc Louis-Napoléon représente l’impiété révolutionnaire, impiété qui n’est pas seulement celle d’une époque, mais qui date de six siècles. Quelle est cette impiété ? le nivellement des classes ; l’émancipation du prolétariat, le travail libre, la pensée libre, la conscience libre ; en un mot, la fin de toute autorité. Louis-Napoléon, chef du socialisme, c’est l’ANTECHRIST ! ...

Or, en politique, de même qu’en économie, On ne vit que de ce que l'on est et que l'on crée : cet aphorisme est plus sûr que tous ceux de Machiavel. Que Louis-Napoléon prenne donc hardiment son titre fatal ; qu’il arbore, à la place de la croix, l’emblème maçonnique, le niveau, l’équerre et l’aplomb :