Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/147

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laire de l’organisation féodale. Le fief abrogé, la propriété constituée telle que l’a faite le Code, la royauté assimilée par l’établissement de la liste civile à une fonction publique, le retour au domaine des biens du prince qui reçoit la couronne ne peut pas plus être revendiqué que celui des propriétés patrimoniales d’un préfet ou d’un juge de paix... Il était aussi par trop naïf d’invoquer, à titre de précédent, une loi de 1815, rendue en faveur des Jean-sans-Terre de la Restauration. On conçoit que la communauté dut avoir des charmes pour les Bourbons, expatriés précisément pour avoir repoussé la division, et qui, rentrés nus en 1814, n’avaient qu’une pensée, celle de refaire de la nation entière leur propriété, suivant la politique de Louis XIV et la loi féodale. Mais qu’en 1832 une Opposition inconséquente essayât de faire revivre cet ancien droit, et que vingt ans après Louis-Napoléon à son tour l’invoquât : c’est ce qui doit, à tous ceux qui suivent la tradition de 89, paraître illogique, surtout contre-révolutionnaire.

Au reste, il faut croire que Louis-Napoléon, en rendant les décrets du 22 janvier, n’a eu d’autre vue que de réparer la soustraction frauduleuse commise le 7 août, par Louis-Philippe, au détriment de l'état : cet acte de haute justice lui paraissant de tous points préférable au procédé, quelque peu machiavélique, que j’indiquais tout à l’heure. C’est à ce point de vue que beaucoup de républicains ont pris la chose, et n’ont pas hésité à en exprimer leur satisfaction. A mes yeux, Louis-Napoléon, sans y penser, a fait grief aux principes de 89 ; et de tous les actes émanés de son libre arbitre, il n’en est