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raux. On lui avait appris à mépriser ses représentants : il a manqué à leur appel, et dans le guet-apens du 2 décembre, il n’a vu que le rétablissement de son droit, le suffrage universel.

Le citoyen Mazzini, l’archange de la démocratie, s’est fait l’éditeur de cette opinion.

Voici encore, sur le même événement, d’autres variantes :

C’est la gauche qui a assuré le succès du coup d’état, en votant, le 17 novembre, contre la proposition des questeurs.

C’est la presse de l’Élysée qui a effrayé de ses récits la bourgeoisie, et retenu son indignation.

C’est l’armée, féroce et vénale, dont l’attitude a désespéré le patriotisme des citoyens.

C’est ceci, c’est cela !…

Toujours les grands événements expliqués par les petites causes ! Aussi l’étranger, prenant acte de ces misérables défaites, ne comprenant point qu’une masse de 36 millions d’hommes se laisse, en un même jour, mystifier et museler, siffle sur notre nation, et à son tour la proclame déchue. Ceux qui ne nous connaissent point, qui ne savent de quelle révolution la France est en travail, ou qui ayant entendu vaguement parler de cette révolution, la jugent aussi absurde que nos conservateurs, jettent le sarcasme à cette race, élue entre toutes, et la vouent à l’opprobre. L’Anglais, déguisant mal sa joie, dévorant d’avance notre territoire, rougit de notre aventure ; l’Américain, avec son insolence d’affranchi, crache sur notre nom ; l’Allemand métaphysique, le Hongrois féodal, l’Italien bigot, l’un après l’autre, nous clouent au pilori. Tandis