Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/258

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Grande-Bretagne prépare sur notre territoire le retour de sa prépondérance. Le libre échange, auquel ses bourgeois convient les peuples, en écrasant toute concurrence, est le dernier coup qu’elle s’apprête à porter à la liberté des nations.

Ainsi procède l’Angleterre : pas de conquêtes à main armée, pas d’incorporations de territoires, pas de nations englobées, pas de dynasties destituées : elle ne se permet aucune de ces violences. Elle ne tient point à gouverner les peuples, pourvu qu’elle les pressure, témoin le Portugal : la Balance du commerce, portée à son maximum de puissance sous le nom de Libre échange, voilà l’artillerie de l’Angleterre.

Il faut donc qu’à une guerre de capitaux nous répondions, avant tout, au dedans et au dehors, par un système de crédit qui annule la supériorité que l’Angleterre tire de ses masses capitalisées : alors, nous pourrons parler à la Sainte-Alliance. Déjà, par ses décrets financiers, le 2 décembre a marqué le but : qu’il achève, qu’il n’attende point que des nécessités plus impérieuses l’y contraignent. Soit qu’il pense à négocier, soit qu’il se prépare à la guerre, qu’il commence par se rendre économiquement fort. Qu’il ose accomplir en six mois ce que ces journaux font entrevoir dans une perspective de 50 années ; que par la réduction combinée des rentes et intérêts aux simples frais de commission, il change dans leur intégralité les rapports du travail et du capital ; qu’il coupe, si j’ose ainsi dire, le nerf à la féodalité bourgeoise, et puis, qu’il déclare à son tour à l’Angleterre, non plus le Blocus continental, folie avonculaire, mais