Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/269

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à résipiscence : comme le père de l’enfant prodigue, sans écouter les observations du fils sage, il a pardonné au fils repentant.

Nous voici en présence des élections de 1852 : à gauche la proposition de rappel de l’Elysée, à droite l’obstination de la loi du 31 mai, derrière nous l’insurrection. La situation est on ne peut plus révolutionnaire : qu’est-ce qu’il en sortira ?

Ici, nous ne devons plus juger les événements au point de vue de la légalité et de la morale, de l’exercice régulier du pouvoir, du respect de la constitution, de la religion du serment. L’histoire prononcera sur la moralité des actes : ce qui nous appartient c’est d’en constater le fatal coté. Constitution, serment, lois, tout a sombré au milieu de la compétition ardente : la mauvaise conscience de l’un a délié celle de l’autre, et quand la royauté se proclame à la tribune, pourquoi l’empire ne s'élèverait-il pas sur la place publique ? La foi constitutionnelle foulée aux pieds par la majorité, il ne reste que l’action brute, im-morale, des ambitions et des partis, instrument aveugle du destin.

Telle est donc, en novembre 51, la situation des forces antagoniques : la révolution est représentée par la gauche républicaine, et incidemment par l’Elysée, qui se joint à elle pour le rappel de la loi du 31 mai ; — la contre-révolution a pour organe la majorité, et incidemment aussi l’Elysée, qui s'unit à elle pour tout le reste, contre le parti républicain.

L'Elysée, élément équivoque, sans signification par lui-même, est en ce moment combattu par les deux partis, qui tendent, avec une égale ardeur, à