Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/275

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ces intérêts donnés, tout rappel à une autorité quelconque devient un non sens. Pour que le gouvernement cessât d’être démocratique, dans une société ainsi faite, et que l’autorité y reparût, il faudrait que les facultés déclarées libres cessassent de l’être ; que la propriété ne fut plus propriété, mais fief ; le commerce plus commerce, mais octroi ; le crédit plus crédit, mais servitude, corvée, dîme et mainmorte : ce qui est contre l’hypothèse.

Ai-je besoin de redire, ce que tout le monde sait, que la pensée de 89, celle de toutes les constitutions qui en sont sorties, a été d’organiser le gouvernement, de telle manière qu’il fut la représentation des intérêts libres sur lesquels la société repose, et que telle est encore la prétention du 2 décembre ? Le 2 décembre, comme tous les pouvoirs qui l’ont précédé depuis 89, se flatte de représenter par excellence le rapport des intérêts reconnus libres par nature et à priori. Ni lui, ni aucun de ses devanciers ne s’est jamais douté de ce que c’est, pour un gouvernement, qui d’ailleurs vise à l’autorité, que d’être une représentation, la représentation d’un rapport, d’un rapport d’intérêts, et d’intérêts libres !!!

Ainsi le gouvernement n’existe aujourd’hui que par ce qu’il représente. Il ne jouit pas, comme dit l'école, de l'aséité ; il ne se pose pas de lui-même, il est le produit du bon plaisir des libertés, de la convenance des intérêts. Un tel gouvernement est-il possible ? N’y a-t-il pas contradiction entre tous ces termes : Gouvernement, représentation, intérêts, liberté, rapport ?... Au lieu de nous livrer sur ce point à une discussion de catégories, de tenir le