Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/284

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féroce, hideuse, et pour la sécurité de l’Empereur : voilà le césarisme. Cela dura, que bien, que mal, trois siècles, jusqu’à ce que la coalition des plèbes étrangères, sous le nom de christianisme, eût rempli l’empire et conquis César.

Il s’agit aujourd’hui de bien autre chose. Nous avons perdu nos conquêtes, et celles de l’Empereur et celles de la république. Nous ne tirons pas de l’étranger un centime dont nous puissions faire l’aumône au dernier des décembristes, et l’Algérie nous coûte, bon an mal an, cent millions, Pour triompher de la bourgeoisie, capitaliste et propriétaire ; pour contenir la classe moyenne, industrieuse et libérale, et régner par la plèbe, il ne s’agit plus de l’entretenir, cette plèbe, des dépouilles des nations vaincues ; il s’agit de la faire vivre de son propre produit, en un mot de la faire travailler. Comment s’y prendra César ? la question est là. Or, de quelque manière qu’il s’y prenne, qu’il s’adresse à Saint-Simon, Fourier, Owen, Cabet, Louis-Napoléon, etc., nous sommes en plein socialisme, et le dernier mot du socialisme, c’est, avec le non-intérêt, le non- gouvernement !........

Croyez-vous, me demandera à cette heure une curiosité indiscrète, malveillante peut-être, que le 2 décembre accepte le rôle révolutionnaire dans lequel vous l’enfermez, comme dans le cercle de Popilius ? Auriez-vous foi dans ses inclinations libérales ? et sur cette nécessité, si bien démontrée par vous, du mandat de Louis-Napoléon, vous rallierez-vous à son gouvernement, comme à la meilleure ou à la moins mauvaise des transitions ?