Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/285

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C’est là ce qu’on veut savoir, et où l’on vous attend !...

Je répondrai à cette question, un peu scabreuse, par une autre :

Ai-je le droit de supposer, quand les idées que je défends depuis quatre ans ont obtenu si peu de succès, que le chef du nouveau gouvernement les adopte de sitôt et les fasse siennes ? Ont-elles revêtu, aux yeux de l’opinion, ce caractère d’impersonnalité, de réalité, d’universalité, qui les impose à l'état ? Et si ces idées, encore toutes jeunes, ne sont guère encore que les idées d’un homme, d’où me viendrait l’espoir que le 2 décembre, qui est homme aussi, les préfère à ses idées ?.....

J’écris, afin que les autres réfléchissent à leur tour, et s’il y a lieu, qu’ils me contredisent. J’écris, afin que la vérité se manifestant, élaborée par l’opinion, la révolution, avec le gouvernement, sans le gouvernement, ou même contre le gouvernement, puisse s’accomplir. Quant aux hommes, je crois volontiers à leur bonne intention, mais encore plus à l’infortune de leur jugement. Il est dit, au livre des Psaumes : Ne mettez pas votre confiance dans 1es princes, dans les enfants d’Adam, c’est-à-dire, dans ceux dont la pensée est subjective, parce que le salut n’est pas avec eux ! Je crois donc, et pour notre malheur à tous, que l’idée révolutionnaire, mal définie dans l’esprit des masses, mal servie par ses vulgarisateurs, laisse encore au gouvernement l’option entière de sa politique ; je crois que le pouvoir est entouré d’impossibilités qu’il ne voit pas, de contradictions qu’il ne sait point, de pièges que l’ignorance universelle lui dérobe ; je