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1799. — 9 novembre (18 brumaire). — Révolution de palais, au profit de Bonaparte. La nation, qui n’a pas été consultée, se tait ou applaudit.

1814. — Avril. — Révolution de palais, au profit des Bourbons, revenus à la suite de l’étranger. La nation salue ses princes, qu’elle ne connaissait plus.

1815. — Mars. — Conspiration militaire et révolution de palais. Une partie de la nation bat des mains au retour de l’Empereur.

Juillet. — 2e restauration des Bourbons, par la faveur de l’étranger. L’autre partie de la nation, qui avait gardé le silence pendant les cent jours, prend sa revanche d’applaudissements, et les proscriptions commencent.

1830. — Juillet, — Un conflit s’élève entre les grands pouvoirs de l’État ; le peuple de Paris appuie les 221 ; le maréchal Marmont retire les troupes. Révolution de palais, au profit de Louis-Philippe.

1832-1836. — Émeutes républicaines et carlistes : vaincues par le gouvernement.

1839. — Coalition parlementaire : une société secrète essaye de profiter de la circonstance pour appeler le peuple aux armes. La couronne cède : révolution ministérielle.

1848. — 22-24 février. — Conflit entre le ministère et l’opposition, soutenue par la garde nationale. Louis-Philippe s’enfuit, laissant la place aux républicains.

Non, ceux qu’a surpris l’attitude de la France au 2 décembre 1851 ne connaissent pas son histoire. Ils n’en ont retenu que les grandes dates parlementaires et militaires, prenant, les trois quarts du temps, l’action du pouvoir et des partis pour celle de la nation.

La France, qu’on le sache une fois, depuis soixante-quatre ans, n’a pas eu cinq années d’existence nationale. Elle a vécu, de sa vie propre, du