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les sciences et dans l’industrie. Là nous observons qu’une découverte s’ajoute sans cesse à une découverte, une machine à une machine, une théorie à une théorie ; qu’une hypothèse, admise d’abord comme vraie, et plus tard démontrée fausse, est immédiatement, nécessairement, remplacée par une autre ; en sorte qu’il n’y a jamais ni vide ni lacune dans la connaissance, mais accumulation et développement continu.

Cette conception du progrès nous l’appliquons à la société, je veux dire aux grands organismes qui jusqu’à ce jour lui ont servi de formes. Ainsi nous voulons que toute constitution politique soit un perfectionnement de la constitution antérieure ; que toute religion présente une doctrine plus riche, plus complète, plus harmonique, que celle qu’elle remplace ; à plus forte raison que toute organisation économique réalise une idée plus vaste, plus compréhensive, plus intégrale, que celle du système précédent. Nous ne concevrions pas que tandis que la société avance sur un point, elle rétrogradât sur un autre. Et la première question que nous adressons aux novateurs qui parlent de réformer la société, d’abolir telle ou telle de ses institutions, c’est de leur dire : Que mettez-vous à la place ?

Les hommes qui s’occupent de gouvernement, les esprits prévenus d’idées religieuses, ceux qui se passionnent pour les constructions métaphysiques et les utopies sociales, et le vulgaire à leur suite, ne se peuvent figurer que la raison, la conscience, à plus forte raison la société, n’aient pas leur ontologie, leur constitution essentielle, dont l’affirmation, toujours plus explicite, est la profession de