Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/249

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La circulation des valeurs étant prise pour point de départ de la réforme économique, au rebours de la Banque Mazel, dont le principe est la circulation des produits, c’est-à-dire l’échange, toute la question était de créer un centre circulatoire où les valeurs ordinaires du commerce, à titre particulier, échéance déterminée, souscription individuelle, vinssent s’échanger, sous les conditions de sûreté et de garantie ordinaire, contre des titres généraux revêtus du caractère social, lesquels, passant de main à main, comme des effets endossés, produiraient, sans écritures, l’effet d’un virement de parties entre tous les clients, si nombreux qu’ils fussent, de la Banque.

Théoriquement, les opérations pouvaient commencer dès qu’il y aurait deux adhérents à la Banque ; plus, ensuite, le nombre des adhérents s’élèverait, plus prompts, plus décisifs devaient être les effets de l’institution.

L’un des principaux était, à mesure que les adhérents arriveraient à la Banque, de retirer peu à peu de la circulation, le numéraire, devenu inutile ; par conséquent de restituer aux producteurs un capital actuellement employé en pure perte. Du même coup, le problème si important de la balance du commerce était résolu : avec le parasitisme de l’argent, tombait le parasitisme de la douane.

Telle est, en peu de mots, l’idée économique, — plus simple que celle de la monnaie, — qui devait faire la base des opérations de la Banque du peuple, et qui a eu l’avantage de se voir méconnue et dédaignée par les socialistes, sifflée par les économistes, déclarée inintelligible par les démocrates, factieuse par les doctrinaires, et sacrilége par les jésuites. Qu’un homme s’en vienne dire : Je possède un moteur qui fonctionne sans air, sans eau, sans vapeur, sans combustible ; dont la construction, frais de matière première compris, ne coûte pas cent sous par force de cheval, et dont la dépense d’entretien est zéro ; un moteur qui