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de raisonner, nous offre-t-elle un principe aussi simple que celui-là ?

Entrons dans les faits.

Le parti du passé, suivant que nous le considérons dans l’ordre des faits religieux, politiques ou économiques, s’appelle Catholicisme, Légitimité, Propriété. La généralisation de ces trois termes est l’Absolutisme.

Tout ce que nous pouvons, tout ce que nous voulons, tout ce que nous sommes, à quelque point de vue que nous nous placions, découle, soit à titre de filiation, soit à titre d’opposition, de ce passé, c’est-à-dire de la propriété féodale ou patrimoniale, de la royauté, du catholicisme.

Nous ne sommes plus aujourd’hui ce que nous étions hier, précisément parce que nous l’avons été ; nous cesserons un jour d’être ce que nous sommes, précisément parce que nous le sommes.

Mais comment s’accomplit cette évolution ?

Le catholicisme, pour sortir de l’état chaotique et s’élever à l’unité, tend à se rationaliser toujours davantage. Par ce rationalisme, il se corrompt lui-même, il perd son caractère mystique, et devient une philosophie de la nature et de l’humanité. — Les privilèges de l’Église gallicane au moyen âge, l’influence de la réforme au xvie siècle ; les travaux apologétiques des Fénelon, des Bossuet, des Fleury, etc., etc., au xviie ; le mouvement encyclopédiste du xviiie ; la tolérance, ou pour mieux dire, l’indifférence légale et constitutionnelle du xixe, expriment autant de phases diverses du catholicisme.

D’autre part la royauté, absolue à son origine comme la puissance paternelle dont elle est l’incrément, a besoin, à mesure qu’elle étend son domaine, de l’organiser, et cette organisation, qui n’est autre chose qu’une application à la politique du principe de la division du travail, conduit fatalement la royauté à la démocratie. — L’émancipation des communes ; les empiètements successifs de la royauté sous