Page:Proudhon - Manuel du Spéculateur à la Bourse, Garnier, 1857.djvu/55

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acte, contre la démocratie et le tsarisme, c’est les unir ; que le seul moyen, au contraire, de balancer la révolution en Orient, serait de lui donner satisfaction en Occident ; et que vouloir la refouler dans son double courant par une sainte-alliance insoutenable, c’est entreprendre une tâche plus folle et plus rude que celle des coalisés de 93 ?……

La Bourse, qui tout à l’heure ne voulait rien entendre à la politique d’État, ne saurait être plus touchée de la politique de progrès et de nationalité. Les considérations les plus décisives, les faits les plus écrasants ne produisent sur elle qu’un effet négatif : on peut l’effrayer, on ne la convaincra pas. Elle ira en baisse jusqu’à extinction de capital : elle ne changera pas d’allure et d’opinion. S’allier à la révolution, ce serait embrasser son bourreau. Elle le sait : et plutôt que de s’y résoudre, elle se raccroche à tous les plans, et se résigne à toutes les chances.

Mais, lui criez-vous, vous savez ce qu’il en coûte de combattre une révolution. Voici que déjà le gouvernement demande à la Banque 60 millions ! L’encaisse disparaît, remplacé par la circulation du Trésor. — Hélas ! tant pis, dit la Bourse. Baisse de 90 cent. (8 fév.).

Mais, si vous abandonnez la révolution, craignez que le tsar ne fasse alliance avec elle ; qu’il appelle aux armes tous les brouillons de l’Europe, Hongrois, Polonais, Italiens, comme déjà il vient de faire appel aux Grecs, aux Monténégrins, aux Bosniaques, à ceux de Bulgarie, Servie, Herzégowine ! — Ce serait un grand malheur, répond la Bourse. Baisse de 2 fr. Le 3 0/0 est à 66 (20 février).

Mais cette alliance de la Prusse et de l’Autriche, que vous escomptez depuis huit jours, n’est rien moins qu’assurée. Si la bourgeoisie allemande est hostile à la révolution et aux Russes, la Confédération germanique n’a pas plus d’envie de servir les intérêts anglais : sa politique lui commande la neutralité. — Je le crains fort ! Baisse de 1 fr. 40 cent. (Du 1er au 3 mars.)

Mais ces chrétiens de l’Église grecque, en faveur desquels vous prenez tant de souci, se moquent de votre diplomatie : tout ce qu’ils veulent, comme Manin, c’est que les Turcs,