Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/171

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qui nous conduit à cette dernière formule : Le maximum de revenu d’un propriétaire est égal à la racine carrée du produit de 1 travailleur (ce produit étant exprimé par un nombre convenu) ; la diminution que souffre ce revenu, si le propriétaire est oisif, est égale à une fraction qui aurait pour numérateur l’unité, et pour dénominateur le nombre qui servirait à exprimer le produit.

Ainsi le maximum de revenu d’un propriétaire oisif, ou travaillant pour son propre compte en dehors de la société, évalué à 10 pour cent sur une production moyenne de 1,000 fr. par travailleur, sera de 90 fr. Si donc la France compte 1 million de propriétaires jouissant l’un portant l’autre de 1,000 fr. de revenu, et les consommant improductivement, au lieu de 1 milliard qu’ils se font payer chaque année, il ne leur est dû, selon toute la rigueur du droit et le calcul plus exact, que 90 millions.

C’est quelque chose qu’une réduction de 910 millions sur les charges qui accablent principalement la classe travailleuse ; cependant nous ne sommes pas à fin de comptes, et le travailleur ne connaît pas encore toute l’étendue de ses droits.

Qu’est-ce que le droit d’aubaine, réduit, comme nous venons de le faire, à sa juste mesure dans le propriétaire oisif ? une reconnaissance du droit d’occupation. Mais le droit d’occupation étant égal pour tous, tout homme sera, au même titre, propriétaire ; tout homme aura droit à un revenu égal à une fraction de son produit. Si donc le travailleur est obligé par le droit de propriété de payer une rente au propriétaire, le propriétaire est obligé, par le même droit, de payer la même rente au travailleur ; et, puisque leurs droits se balancent, la différence entre eux est zéro.

Scolie. Si le fermage ne peut être légalement qu’une fraction du produit présumé du propriétaire, quelle que soit l’étendue et l’importance de la propriété, la même chose a lieu pour un grand nombre de petits propriétaires séparés : car, bien qu’un seul homme puisse exploiter séparément chacune d’elles, le même homme ne peut les exploiter simultanément toutes.