Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/172

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Résumons : le droit d’aubaine, qui ne peut exister que dans des limites très restreintes, marquées par les lois de la production, s’annihile par le droit d’occupation ; or, sans le droit d’aubaine, il n’y a pas de propriété ; donc la propriété est impossible.


Quatrième proposition.


La propriété est impossible, parce qu’elle est homicide.


Si le droit d’aubaine pouvait s’assujettir aux lois de la raison et de la justice, il se réduirait à une indemnité ou reconnaissance dont le maximum ne dépasserait jamais, pour un seul travailleur, une certaine fraction de ce qu’il est capable de produire ; nous venons de le démontrer. Mais pourquoi le droit d’aubaine, ne craignons pas de le nommer par son nom, le droit du vol, se laisserait-il gouverner par la raison, avec laquelle il n’a rien de commun ? Le propriétaire ne se contente pas de l’aubaine telle que le bon sens et la nature des choses la lui assignent : il se la fait payer dix fois, cent fois, mille fois, un million de fois. Seul, il ne tirerait de sa chose que 1 de produit, et il exige que la société qu’il n’a point faite lui paye, non plus un droit proportionnel à la puissance productive de lui propriétaire, mais un impôt par tête ; il taxe ses frères selon leur force, leur nombre et leur industrie. Un fils naît au laboureur : Bon, dit le propriétaire, c’est une aubaine de plus. Comment s’est effectuée cette métamorphose du fermage en capitation ? comment nos jurisconsultes et nos théologiens, ces docteurs si retors, n’ont-ils pas réprimé cette extension du droit d’aubaine ?

Le propriétaire calculant, d’après sa capacité productive, combien il faut de travailleurs pour occuper sa propriété, la partage en autant de portions, et dit : Chacun me payera l’aubaine. Pour multiplier son revenu, il lui suffit donc de diviser sa propriété. Au lieu d’évaluer l’intérêt qui lui est dû sur son travail à lui, il l’évalue sur son capital ; et par cette substitution la même propriété qui dans les mains du maître