Page:Proudhon - Qu’est-ce que la propriété.djvu/70

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seigne que toute morale, toute loi, tout droit, nous sont donnés dans ce précepte : être libre, reste libre. Bravo ! maître ; je veux rester libre, si je puis. Il continue :

« Notre principe est vrai ; il est bon, il est social ; ne craignons pas d’en déduire toutes les conséquences.

« 1o Si la personne humaine est sainte, elle l’est dans toute sa nature, et particulièrement dans ses actes intérieurs, dans ses sentiments, dans ses pensées, dans ses déterminations volontaires. De là le respect dû à la philosophie, à la religion, aux arts, à l’industrie, au commerce, à toutes les productions de la liberté. Je dis respect et non pas simplement tolérance ; car, on ne tolère pas le droit, on le respecte. »

Je m’incline devant la philosophie.

« 2o Ma liberté, qui est sainte, a besoin, pour agir au dehors, d’un instrument qu’on appelle le corps : le corps participe donc à la sainteté de la liberté ; il est donc inviolable lui-même. De là le principe de la liberté individuelle.

« 3o Ma liberté, pour agir au dehors, a besoin, soit d’un théâtre, soit d’une matière, en d’autres termes d’une propriété ou d’une chose. Cette chose ou cette propriété participent donc naturellement à l’inviolabilité de ma personne. Par exemple, je m’empare d’un objet qui est devenu, pour le développement extérieur de ma liberté un instrument nécessaire et utile ; je dis : Cet objet est à moi, puisqu’il n’est à personne ; dès lors, je le possède légitimement. Ainsi, la légitimité de la possession repose sur deux conditions. D’abord, je ne possède qu’en ma condition d’être libre ; supprimez l’activité libre, vous détruisez en moi le principe du travail ; or, ce n’est que par le travail que je puis m’assimiler la propriété ou la chose, et ce n’est qu’en me l’assimilant que je la possède. L’activité libre est donc le principe du droit de propriété. Mais cela ne suffit pas pour légitimer la possession. Tous les hommes sont libres, tous peuvent s’assimiler une propriété par le travail ; est-ce à dire que tous ont droit sur toute propriété ? Nullement : pour que je possède légitimement, il ne faut pas seulement que je puisse, en ma qualité d’être libre, travailler et pro-