Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/15

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comme en divisant le travail dans ses opérations parcellaires, on augmente sa puissance productrice. Supposons deux sociétés inconnues l’une à l’autre, et consommant annuellement chacune pour cent millions de valeurs : si ces deux sociétés, dont nous supposons aussi que les produits diffèrent les uns des autres, viennent à échanger leurs richesses, au bout de quelque temps la somme de consommation, la population restant la même, ne sera plus de deux cents millions, elle sera de deux cent cinquante. Bref, les habitants des deux pays, une fois mis en rapport, ne se borneront pas à un simple échange de leurs produits, ce qui ne serait qu’une substitution ; la variété invitera les uns et les autres à jouir des produits étrangers sans abandonner les produits indigènes, ce qui augmentera tout à la fois, de part et d’autre, le travail et le bien-être.

Ainsi la liberté du commerce, nécessaire à l’harmonie et au progrès des nations, nécessaire à la sincérité du monopole et à l’intégralité des droits politiques, est encore une cause d’accroissement de richesse et de bien-être pour les particuliers et pour l’État. Ces considérations générales renferment toutes les raisons positives qu’il est possible d’alléguer en faveur du commerce libre, raisons que j’accepte toutes d’avance, et sur lesquelles je crois inutile d’insister davantage, personne d’ailleurs, que je sache, n’en contestent l’évidence.

Au résumé, la théorie du commerce international n’est qu’une extension de la théorie de la concurrence entre les particuliers. Comme la concurrence est la garantie naturelle, non-seulement du bon marché des produits, mais aussi du progrès dans le bon marché ; de même le commerce international, indépendamment de l’augmentation de travail et de bien-être qu’il crée, est la garantie naturelle de chaque nation contre ses propres monopoles, garantie qui, dans la main d’un gouvernement habile, peut devenir un instrument de haute police industrielle plus puissant que toutes les lois réglementaires et les maximums.

Des faits innombrables, des vexations monstrueuses ou ridicules, viennent ensuite justifier cette théorie. À mesure que la protection livre au monopole le consommateur sans défense, on voit les plus étranges désordres, les crises les plus furieuses agiter la société, et mettre en péril le travail et le capital.

« La cherté factice des houilles, des fers, des laines, des