Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/97

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énergiquement avoués. Le crédit a été inventé pour secourir le travail, en faisant passer dans les mains du travailleur l’instrument qui le tue, l’argent : et l’on part de là pour soutenir qu’entre les nations industrielles l’avantage de l’argent dans les échanges n’est rien ; qu’il est insignifiant pour elles de solder leurs comptes en marchandises ou en espèces ; que c’est le bon marché seul qu’elles ont à considérer !

Mais s’il est vrai que dans le commerce international les métaux précieux aient perdu leur prépondérance, cela veut dire que dans le commerce international, toutes le valeurs sont arrivées au même degré de détermination, et, comme l’argent, également acceptables ; en d’autres termes, que la loi d’échange est trouvée, et le travail organisé entre les peuples. Alors qu’on la formule, cette loi ; qu’on explique cette organisation, et qu’au lieu de parler crédit et de forger de nouvelles chaînes pour la classe travailleuse, on apprenne, par une application du principe d’équilibre international, à tous ces industriels qui se ruinent parce qu’ils n’échangent pas, à ces ouvriers qui meurent de faim parce que le travail leur manque, comment leurs produits, comment leur main-d’œuvre sont des valeurs dont ils peuvent disposer pour leur consommation, aussi bien que si c’étaient des billets de banque ou de l’argent. Quoi ! le principe qui, suivant les économistes, régit le commerce des nations, serait inapplicable à l’industrie privée ! Comment cela ? pourquoi ? Des raisons, des preuves, au nom de Dieu.

Contradiction dans l’idée même du crédit, contradiction dans le projet d’organiser le crédit, contradiction entre la théorie du crédit et celle du libre commerce : est-ce tout ce que nous avons à reprocher aux économistes ?

A la pensée d’organiser le crédit, les économistes en joignent une autre, non moins antilogique, c’est celle de rendre l’état organisateur et prince du crédit. C’est à l’état, disait le célèbre Law, préludant à la création des ateliers nationaux et à la républicanisation de l’industrie, c’est à l’état de donner crédit, et non de le recevoir. Maxime superbe, faite pour plaire à tous ceux que révolte la féodalité financière, et qui voudraient la remplacer par l’omnipotence du gouvernement ; mais maxime équivoque, interprétée dans des sens opposés par deux sortes de personnes, d’une part les politiques fiscaux et budgétaires, à qui tout moyen est bon de faire venir l’argent du peuple dans les coffres de l’état, parce qu’eux seuls y puisent ; d’autre part, les partisans de