Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/146

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à chaque noble un titre égal au sien, celui de propriétaire ?

Servius Tullius affecte la popularité, cherche un appui dans la multitude. Son successeur Tarquin le Superbe continue cette politique et menace les têtes de l’aristocratie.

Mais les Tarquins sont chassés, la royauté est vaincue par la propriété. Depuis ce moment, jusqu’à la loi de Licinius Stolon, en 376, le gouvernement, à Rome, n’est pas autre chose qu’un moyen d’exploitation de plus aux mains du patriciat. La plèbe est réduite en servitude, la constitution de l’État se résume tout entière dans la prérogative patricienne ; c’est du plus parfait arbitraire. La résolution prise, en 450, d’envoyer à Athènes des commissaires pour étudier les lois grecques le prouve. On avait beau distribuer de temps en temps à la plèbe quelques terres, démembrées de l’ager publicus ; le service militaire et les charges publiques ruinaient le plébéien, le forçaient de vendre, et la terre revenait toujours aux grands. Cependant, par la nature égoïste et anarchique de la propriété, des jalousies intestines, des divisions naissent dans l’aristocratie ; en même temps, la plèbe croissant en nombre, et la loi licinienne l’admettant au partage des terres conquises, la propriété se tourne contre elle-même : c’est ce qui fit le triomphe du parti plébéien. Jamais, sans cette possession, qui n’était telle que de nom, il ne l’eût emporté sur le parti patricien, et jamais la plèbe n’eût obtenu la terre sans l’anarchie propriétaire.