Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/149

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Il est donc prouve que la propriété, par elle-même, ne tient à aucune forme de gouvernement ; qu’aucun lien dynastique ou juridique ne l’enchaîne ; que toute sa politique se réduit à un mot, l’exploitation, sinon l’anarchie ; qu’elle est pour le pouvoir le plus redoutable ennemi et le plus perfide allié ; en un mot que, dans ses rapports avec l’État, elle n’est dirigée que par un seul principe, un seul sentiment, une seule idée, l’intérêt personnel, l’égoïsme. Voilà en quoi consiste, au point de vue politique, l’abus de la propriété. Qui rechercherait ce qu’elle fut dans tous les États où son existence fut plus ou moins reconnue, à Carthage, à Athènes, à Venise, à Florence, etc., la retrouverait toujours la même. Au contraire, qui étudiera les effets politiques de la possession ou du fief, aboutira constamment à des résultats opposés. C’est la propriété qui fit la liberté, puis l’anarchie et finalement la dissolution de la démocratie athénienne ; c’est le communisme qui soutint la tyrannie et l’immobilisme de la noble Lacédémone, engloutie sous l’océan des guerres, et qui périt les armes à la main.

Et voilà aussi pourquoi tout gouvernement, toute utopie et toute Église se méfient de la propriété. Sans parler de Lycurgue et Platon, qui la chassent, ainsi que la poésie, de leurs républiques, nous voyons les Césars, chefs de la plèbe, qui n’ont vaincu que pour obtenir la propriété, à peine en possession de la dictature, attaquer le droit quiritaire de toutes les manières. Ce droit quiritaire était l’apanage, pour ainsi dire, du peuple romain. Auguste l’étend à toute l’