Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/156

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du système féodal au système allodial, ait perdu toutes ses prérogatives et son domaine supérieur. Eu même temps que la propriété conquérait l’indépendance, la mobilité, l’égalité de partage, la faculté d’emprunter au moyen de l’hypothèque, etc., l’État, en vertu de sa prérogative, a établi des servitudes, fait des règlements de commodo et incommodo, décrété une loi d’expropriation pour cause d’utilité publique ; on lui demande aujourd’hui de fixer une limite au morcellement : c’est ainsi que l’absolutisme de l’État, s’oppose à l’absolutisme propriétaire, et qu’ils agissent l’un sur l’autre, engendrant sans cesse, par leur action et réaction mutuelle, de nouvelles sûretés à la société, de nouvelles garanties au propriétaire, et faisant triompher en définitive la Liberté, le Travail et la Justice.

Il est bien entendu que, pour la sincérité de ce système, il faut absolument que le gouvernement ait dépouillé toute allure despotique ; qu’il soit franchement représentatif, parlementaire, à formes républicaines, basé sur une responsabilité sérieuse, non du prince, mais de ses ministres. Il faut, en un mot, que la nation soit gouvernée par elle-même, de manière que la réaction de la prérogative de l’État contre la prérogative du propriétaire provienne, non du libre arbitre d’un homme, d’un despote, ce qui ferait du système une bascule, mais de la raison d’État exprimée par la représentation nationale. Sans cela, la propriété est placée dans la main de l’autocrate ; elle est : en péril de féodalité.