Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/173

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il en trafique, il en fait l’objet de spéculation ; cultivateur, il la tourmente, il la viole, il l’épuise, il la sacrifie à son impatiente cupidité, il ne s’y unit jamais…

La pratique du produit net, bien plus savante de nos jours qu’elle ne le fut dans l’antiquité, a porté, l’égoïsme humain au dernier degré du raffinement. Certes, le vieux patricien romain était avare, dur avec ses esclaves plus que nous ne le sommes avec nos domestiques ; mais enfin il travaillait avec eux, il habitait la même exploitation, respirait le même air, mangeait à la même table ; de lui au rentier absentéiste, la différence était énorme. Aussi l’Italie fut belle, riche, populeuse et salubre tant qu’elle fut cultivée par ses propriétaires : elle devint déserte, pestilentielle quand elle fut abandonnée aux esclaves, et que le maître alla consommer à Rome ses immenses revenus. Et les mœurs tombèrent avec la culture, en même temps que le propriétaire, usant de son droit, méconnaissait ses devoirs.

Tels sont, au point de vue économique et social, les abus de la propriété, abus flagrants, et que toute conscience réprouve, mais qui ne constituent, aux yeux de la loi, ni crime ni délit, et que la justice officielle ne saurait poursuivre, puisqu’ils font partie essentielle du droit du propriétaire, et qu’on ne saurait les réprimer sans détruire du même coup la propriété ; abus, par conséquent, que nous n’aurons garde de dissimuler ou d’amoindrir, puisqu’ils doivent servir à nous révéler dans la propriété de nouvelles fins, dont la connaissance