Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/201

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ténébreuse la chose dit monde la plus claire ; on a poussé les uns contre les autres des intérêts que la finalité de leur situation rendait antagoniques ; on a surpris la religion d’un chef d’État, qui s’est imaginé faire acte de patriotisme et de progrès en sacrifiant à une expérience absurde la fortune et la subsistance de plusieurs millions de ses sujets… Il est vrai que parmi les plaignants plusieurs prêtaient à la critique, et que si la protection, dans certains cas et dans certaine mesure, peut être jugée nécessaire, trop souvent elle a servi de prétexte à de coupables subventions et à d’odieux monopoles. Ici, comme toujours, la propriété s’est signalée par l’effronterie de ses abus ; et si, à propos du libre échange, nous l’avons entendue crier contre elle-même, c’est qu’elle se connaissait bien.

Maintenant que faire ? Faut-il de nouveau reculer devant les conséquences du principe ; et, après avoir montré les destinées merveilleuses de l’institution de propriété dans ses plus effroyables abus, la déclarer impuissante devant l’étranger ? Faut-il réhabiliter la douane ; et, quand nous sommes excédés de police, de gouvernementalisme, nous emmailloter encore d’un réseau protecteur ? Non, il ne sera pas dit que le Droit et la Liberté se déconcertent pour une antinomie de plus. De quoi s’agit-il ? De faire vivre ensemble deux principes inconciliables. Eh ! la science politique et économique ne consiste qu’en cela. Nous-mêmes, dans tout ce chapitre et dans les précédents, qu’avons-nous, fait autre chose ?