Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/227

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aurait dit simplistes, fanatiques de l’unité en logique et métaphysique aussi bien qu’en politique, incapables de saisir cette proposition, pourtant bien simple : que le monde moral, comme le monde physique, repose sur une pluralité d’éléments irréductibles et antagoniques, et que c’est de la contradiction de ces éléments que résulte la vie et le mouvement de l’univers ? Eux, au contraire, expliquent la nature, la société et l’histoire comme un syllogisme. Ils font tout sortir de l’UN, comme les anciens mythologues ; et quand on étale devant eux cette multitude d’inconciliables, d’indéfinis et d’incoercibles qui bouleversent leurs cosmogonies unitaires, ils vous accusent de polythéisme et soutiennent que c’est vous-même qui êtes en contradiction. Ces hommes, en qui la faconde égale l’ineptie, ont acquis une certaine considération dans le monde des badauds, ravis de s’entendre dire, par ces beaux discoureurs, qu’il n’y a rien de vrai au delà de ce qu’ils ont appris en nourrice, et que la suprême sagesse consiste à penser ce qu’ont pensé leurs pères. Le règne de ces charlatans ne finira qu’à la banqueroute du dernier préjugé : c’est pourquoi, tout en les méprisant, nous devons nous armer de patience.

J’ai exposé les sentiments qui ont dicté ma conduite depuis vingt-cinq ans. Je n’ai pas été animé, quoi qu’on ait dit, d’une pensée foncièrement hostile ni pour l’institution de propriété, dont je cherchais la clef, ni pour la classe des bénéficiaires. J’ai demandé une justification meilleure du droit établi, et cela dans un but