Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/309

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dans le commerce est de 6 p. 100, tandis que l’intérêt des fonds placés sur hypothèque, ou sur l’État, ou engagés dans l’industrie et l’agriculture, n’est légalement que de 5 p. 100, 4 1/2, 4 et même 3 p. 100. Comme si l’État s’était fait précisément une loi d’augmenter les charges et surcharges, taxes et surtaxes de la circulation, de ce monde d’intermédiaires parasites, qui grèvent la marchandise et l’empêchent d’arriver au consommateur, au producteur. La société est pleine de ces contradictions.

Tout le monde sait également que les commissionnaires et courtiers de commerce, que les boutiquiers et marchands ne prennent pas moins de 10, 12, 15, 20, 25 p. 100 et au delà de commission ou de bénéfice en sus des autres frais ; et comme si cette pompe d’épuisement était à ses yeux une fonction sacrée, l’État a eu soin d’entourer cet état-major du mercantilisme de toutes les garanties et privilèges ; il en a limité le nombre, il les constitue en monopole, il leur donne des juges spéciaux, qu’il refuse aux écrivains politiques ; il leur rend pour leurs exécutions la loi sommaire et expéditive.

Tout le monde sait enfin que pour opérer la distribution des produits, ce commerce anarchique est forcé d’user d’une multitude innombrable d’employés, voyageurs et stationnaires ; d’entretenir une infinité de relations qui se croisent, se contrebutenl, se contredisent, se neutralisent, se créent des embarras inextricables : la foriune de chaque commerçant étant attachée à la ruine de son confrère, qui est son compétiteur et son rival.

Or, ce que les chemins de fer ont fait pour l’industrie voiturière et messagiste, ne saurait-on le faire pour le commerce proprement dit, en un mot pour l’échange ? Seulement, tandis qu’en créant les Compagnies de chemins de fer, l’État n’a fait que remplacer un chaos de petits mono’pôles par une demi-douzaine de grands monopoles, plus redoutables pour le pays et pour l’État que n’était la fourmilière des entrepreneurs de transports et voituriers, et