Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/35

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de son travail, » s’est trompée grossièrement ; elle devait dire : La propriété est le droit de jouir et de disposer a son gré du bien d’autrui, du fruit de l’industrie et du travail d’autrui.

« En France, vingt millions de travailleurs, répandus dans toutes les branches de la science, de l’art et de l’industrie, produisent toutes les choses utiles a la vie de l’homme ; la somme de leurs journées égale, chaque année, par hypothèse, 20 milliards ; mais à cause du droit de propriété et de la multitude des aubaines, primes, dîmes, intérêts, pots-de-vin, profits, fermages, loyers, rentes, bénéfices de toute nature et de toute couleur, les produits sont estimés par les propriétaires et les patrons 25 milliards : qu’est-ce que cela veut dire ? Que les travailleurs qui sont obligés de racheter ces mêmes produits pour vivre doivent payer 5 ce qu’ils ont produit pour 4, ou jeûner de cinq jours l’un. »

La première conséquence de ce bénéfice, c’est, en rendant la concurrence universelle impossible, de détruire l’égalité des salaires entre les diverses professions ou fonctions sociales, et, en la détruisant, de créer une division irrationnelle de ces fonctions. La division des travailleurs en deux classes, celle des manœuvres et celle des ingénieurs, celle des dirigés et celle des dirigeants, est tout à la fois irrationnelle et injuste. L’inégalité des salaires entre les diverses fonctions sociales est injuste, puisque ces fonctions sont également utiles, et que par leur division nous sommes tous associes dans la production.