Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/42

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l’autre profession. Faites la déduction des aubaines et de leurs conséquences ; vous verrez qu’il en est ainsi dans la société actuelle.

Il y a, dit-on, de bons et de méchants artistes, qui pourtant dépensent dans l’exercice de leur art autant de temps et d’argent les uns que les autres : travailleurs bien classés et travailleurs mal classés. Je renvoie, du reste,-la question du salaire des artistes à l’analyse que je ferai plus loin de mes travaux sur la propriété littéraire et artistique.

En attaquant la propriété, j’avais eu soin, dès 1840, de protester, au nom de la liberté, contre le gouvernementalisme aussi bien que contre le communisme. L’horreur de la réglementation a toujours été chez moi la plus forte ; j’ai eu dès le début en abomination l’omnipotence centrale, monarchique, quand je me suis dit anarchiste. En 1848, je me suis déclaré opposé aux idées gouvernementales du Luxembourg. J’ai loué le gouvernement provisoire de sa réserve en matière de réformes sociales, et j’ai depuis déclaré maintes fois que cette réserve, tant reprochée, était un titre d’honneur à mes yeux. Mon antipathie pour le principe d’autorité n’a pas faibli. Depuis dix ans, l’étude de l’histoire, faite à mes instants de loisir, m’a prouvé que là était la plaie des sociétés. Le peuple n’a pas été communiste en France en 1848, ni en 89, ni en 93 ou 96 ; il n’y a eu qu’une poignée de sectaires. Le communisme, qui fut le désespoir des premiers utopistes, le cri d’anéantissement de l’Évangile, n’est chez nous qu’une méprise de l’égalité.