Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/47

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travailleur, je n’hésiterais pas à me prononcer pour celui-ci. Mais le fermier qui a bien calculé n’a pas plus droit à la plus-value de la rente, lorsqu’il a contribué à la créer par son travail, que lorsque la société l’a créée par le progrès de sa population, par l’ouverture d’une route nouvelle d’un pont, d’un canal, d’un chemin de fer. Le propriétaire oisif n’a certainement aucun droit à garder la plus-value pour lui-même ; mais il accomplit un acte de justice en l’enlevant au fermier, dont la société a payé le travail.

« Ainsi, disais-je en 1846 dans le Système des Contradictions économiques, la propriété vient à la suite du travail pour lui enlever tout ce qui, dans le produit, dépasse les frais réels. Le propriétaire remplissant un devoir mystique et représentant vis-à-vis du colon la communauté, le fermier n’est plus, dans les prévisions de la Providence, qu’un travailleur responsable, qui doit rendre compte à la société de lotit ce qu’il recueille en sus de son salaire légitime ; et les systèmes de fermage et métayage, baux à cheptel, baux emphytéotiques, etc., sont les formes oscillatoires du contrat qui se passe alors, -tu nom de la société, entre le propriétaire et le fermier. La rente, comme toutes les valeurs,, est assujettie à l’offre et à la demande ; mais, comme toutes les valeurs aussi, la, rente a sa mesure exacte, laquelle s’exprime par la totalité du produit, déduction faite des frais de production.

« Par essence et destination, la rente est donc un instrument de justice distributive, l’un des mille moyens