Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/64

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spécialités industrielles, mercantiles, scientifiques, etc., d’après le principe de la division du travail, et en dehors de tout esprit de caste.

« La propriété libre est celle qu’on appelait à Rome quiritaire, et chez les barbares envahisseurs, allodiale. C’est la propriété absolue, autant du moins qu’il peut se trouver chez les hommes quelque chose d’absolu : propriété qui relève directement et exclusivement du propriétaire, lequel l’administre, la loue, la vend, la donne ou l’engage, suivant son bon plaisir, sans en rendre compte à personne.

« La propriété doit être transformée sans doute par la révolution économique, mais non pas en tant qu’elle est libre : elle doit, au contraire, gagner sans cesse en liberté et en garantie. La transformation de la propriété porte sur son équilibre : c’est quelque chose d’analogue au principe qui a été introduit dans le droit des gens par les traités de Westphalie et de 1815. »

J’ajoutais en 1858 :

« C’est par la Justice que la propriété se conditionne, se purge, se rend respectable, qu’elle se détermine civilement, et, par cette détermination, qu’elle ne tient pas de sa nature, devient un élément économique et social.

« Tant que la propriété n’a pas reçu l’infusion du Droit, elle reste, ainsi que je l’ai démontré dans mon premier Mémoire, un fait vague, contradictoire, capable de produire indifféremment du bien et du mal, un fait par conséquent dune moralité équivoque, et qu’il est impossible de distinguer théoriquement des