Page:Proudhon - Théorie de la propriété, 1866.djvu/85

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devons constater religieusement une chose c’est que cet absolutisme forme contre la propriété, un préjugement, — qu’on me passe le mot, — qui a paru jusqu’à ce moment invincible.

L’absolu est une conception de l’esprit indispensable pour la marche du raisonnement et la clarté des idées ; c’est une hypothèse nécessaire de la raison spéculative, mais que repousse la raison pratique, comme une chimère dangereuse, une absurdité logique et une immoralité.

La religion, en premier lien, nous le déclare : la souveraineté, la propriété, la sainteté, la gloire, la puissance, en un mot, l’absolu, n’appartient qu’à Dieu : l’homme qui y aspire est impie et sacrilège. Le Psalmiste le dit, a propos même de la propriété : « La terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle contient : Domini est terra et plentudo ejus. » Avis aux chefs de tribus et aux propriétaires de se montrer, bienfaisants envers le peuple, non avares. Comme s’il avait dit : Le vrai propriétaire du pays de Chanaan est Jéhovah ; vous n’êtes que ses tenanciers. Cette idée se retrouve à l’origine chez tous les peuples : M. Laboulaye est dans l’erreur quand il dit que la propriété est un fait contemporain de la première société. Ce qui est contemporain de la première société, c’est l’occupation momentanée, ou la possession en commun : la propriété ne vient que plus tard, par le progrès des libertés et la lente élaboration des lois.

L’absolu n’est pas moins inadmissible en politique. Cette