II
versailles
L’automne épuisé, plus même réchauffé par le soleil rare, perd une à une ses dernières couleurs. L’extrême ardeur de ses feuillages, si enflammés que toute l’après-midi et la matinée elle-même donnaient la glorieuse illusion du couchant, s’est éteinte. Seuls, les dahlias, les œillets d’Inde et les chrysanthèmes jaunes, violets, blancs et roses, brillent encore sur la face sombre et désolée de l’automne. À six heures du soir, quand on passe par les Tuileries uniformément grises et nues sous le ciel aussi sombre, où les arbres noirs décrivent branche par branche leur désespoir puissant et subtil, un massif soudain aperçu de ces fleurs d’automne luit richement dans l’obscurité et fait à nos veux habitués à ces horizons en cendres une violence voluptueuse. Les heures du matin sont plus douces. Le soleil brille encore parfois, et je peux voir encore en quittant la terrasse du bord de l’eau, au long des grands escaliers de pierre, mon ombre descendre une à une les marches devant moi. Je ne voudrais pas vous prononcer ici après tant d’autres[1] Versailles, grand nom rouillé et doux, royal
- ↑ Et particulièrement après MM. Maurice Barrès, Henri de Régnier, Robert de Montesquiou-Fezensac.