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« Pierre ». C’était ainsi que s’appelait l’un de ses fils, qui avait été tué dans une expédition, et qu’elle voulait faire revivre dans Radisson.

Il reçut comme présent, un fusil et des bracelets. Ils lui ornèrent la tête de plumes d’aigle. Leur nourriture habituelle consistait en farine de blé d’inde, mêlée à de la graisse d’ours. Ce plat favori s’appelait « Orinniack ». Il était considéré partout, comme un des leurs. L’adoption chez eux, effaçait presque la différence du sang. Un jour, il partit avec trois Iroquois pour aller chasser. Au retour, il rencontra un sauvage qui lui adressa la parole en Algonquin. Il lui dit, qu’il était né près de Québec et qu’il y avait deux ans, qu’il était prisonnier chez les Iroquois.

« Il me demanda, dit Radisson dans son récit, si j’aimais les Français. Je lui répondis que j’étais Français moi-même. Il proposa alors de nous sauver. Je lui dis que mes trois compagnons s’y opposeraient et qu’ils avaient promis à ma mère de me ramener. Préfères-tu, me dit il, vivre en esclavage comme les Hurons ou rester libre et manger du bon pain chez les Français ? Ne les crains pas, ajouta-t-il, en désignant mes compagnons ; nous les tuerons, tous les trois, cette nuit. Je me rendis à ses sollicitations. D’ailleurs, les Iroquois, n’étaient-ils pas, les plus cruels ennemis des Français et n’avaient-ils pas tué ou brûlé bon nombre de mes proches ! Je promis donc de l’aider. Cette conversation se passait en Algonquin. Mes compagnons s’informèrent de ce que je disais. Je leur donnai une réponse évasive. Mes compagnons ne tardèrent pas à dormir. Au milieu de la nuit, l’Algonquin se leva. Les trois Iroquois, étaient plongés dans un profond sommeil. Il me fit signe ; je m’approchai du feu, pendant qu’il enlevait leurs haches et m’en passait une. À vrai dire, il me répugnait de frapper des gens, qui ne m’avaient jamais rien fait de mal ; mais pour les raisons que je viens de donner, j’acceptai la hache. Pendant que l’Algonquin en assommait un, moi j’enfonçai ma hache, jusqu’au manche, dans la tête d’un autre, tellement que je ne pûs que difficilement la dégager. L’Algonquin frappa le troisième et moi je tirai sur lui pour l’achever. »