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avoir donné tous les soins que demandait son état, l’avait prise à bord de son canot. Un soir, un Iroquois pour s’amuser, avait fait semblant de tirer sur elle. Prenant la chose au sérieux, elle s’était enfuie dans le bois et il avait été impossible de la retrouver. Cette femme arriva au fort, neuf jours après le missionnaire. Elle n’avait vécu pendant ce temps là, que de racines et de fruits sauvages. Un Huron, avait aussi échappé au massacre. Il vivait parmi les Iroquois, accusant hautement les Français, de complicité avec les ennemis de sa nation.

Les Iroquois voyaient avec défiance, cet établissement commencé dans leur pays. À tous les jours, les Français les entendaient répéter avec menace : « Vous êtes venus vous engraisser ici, mais vous n’y resterez pas longtemps. » Les P.P. Jésuites ne s’épargnèrent point, pour conjurer l’orage qui se préparait. Ils se dispersèrent dans les villages Iroquois, leur prêchant les douceurs de la religion chrétienne et s’efforçant de s’insinuer dans leurs bonnes grâces.

Ils eurent peu de succès, malgré tout leur dévouement ; mais d’un autre côté, ils obtinrent des renseignements sur leurs dispositions, qui n’étaient rien moins que rassurantes. Un Iroquois ami, vint un jour, les avertir que les gens de sa nation, avaient tenu un grand conseil, dans lequel ils avaient décidé de détruire le fort et tous les Français. Cinq cents guerriers, allaient dans quelques jours, prendre les armes et se jeter sur eux.

Afin de se débarrasser de tout ce qui pouvait les gêner, ils avaient assommé à coups de bâton ou en les frappant sur des arbres, tous les jeunes enfants de leurs esclaves. Cernés de tout côté, par des ennemis irréconciliables, cette faible garnison isolée, ne comprenant que 53 hommes, ne pouvait longtemps résister. D’ailleurs, au printemps, le nombre des guerriers Iroquois allait se doubler, par le retour des chasseurs. Les Français décidèrent de construire secrètement des bateaux et de donner un festin, à leurs ennemis, pour mieux ménager leur fuite. À peine les bateaux étaient-ils terminés, qu’ils invitèrent tous les Iroquois à un grand repas. Presque tous, se rendirent à cette invitation. Il ne restait pas 20 hommes dans