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leur village. Les Iroquois firent honneur à tous les mets qui leur furent servis. Après le diner, ils se mirent à danser au son de la guitare, que pinçait un soldat de la garnison, tandis que d’autres Français jouaient de la trompette et battaient la grosse caisse. Les sauvages qui avaient mangé avec excès, furent bientôt épuisés de fatigue. Ils se couchèrent près des murs du fort.

C’était le moment attendu, pour abandonner le fort. Quelques Français furent tentés d’abord, de profiter de leur profond sommeil, pour se défaire de ces barbares. Les P.P. Jésuites s’élevèrent avec force, contre ce dessein. Ils leur rappelèrent, qu’ils étaient venus pour instruire et évangéliser les sauvages et non pour les détruire et que leur trahison ne les justifiait pas, eux, de les assassiner. Ils quittèrent donc le fort Onondagué ce soir là même et après bien des souffrances, ils arrivèrent à Montréal le 31 mars 1658.

L’historien Garneau place le fort Onondagué sur les bords du lac Salé.

M. J. V. H. Clarke, qui a écrit une histoire de ce fort, prétend qu’il se trouvait à environ trois quarts de mille de la Pointe Verte, dans la ville de Salina, sur le terrain occupé, en 1849 par M. Myrick Bradley. Il paraîtrait qu’on y trouve encore, des ruines, qui permettent d’avoir une idée générale du plan du fort. Dans le cours de ce voyage, Radisson recueillit une tradition Huronne, fort étrange. Cette légende lui fut racontée plus tard par quelques chefs Hurons. Plusieurs Français lui rapportèrent également avoir entendu le même récit.

D’après cette légende, les Hurons, auraient été repoussés au Nord, par les Iroquois. Ils se seraient alors dirigés de ce côté là et auraient poussé leur course, si loin, qu’ils auraient atteint la Baie James. Ils auraient côtoyé cette baie, suivi le littoral de la mer et seraient parvenus, après avoir longé les côtes du Labrador, jusqu’au golfe Saint Laurent. Ils auraient remonté le fleuve, jusque vis à vis Tadoussac, ignorant absolument qu’ils revenaient dans leur pays. Ils auraient ensuite, fait alliance avec les tribus du golfe et chassé les Iroquois de leur pays. Cette histoire sans être invraisemblable, est au moins fort extraordinaire. De Montréal, Radisson se rendit à Trois-Rivières, où