Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/111

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Il sent la vie, qui est là, réelle, qui est certaine, qui n’est pas une fiction, mais une profonde réalité qu’il peut envelopper et mesurer. Voici apparaître au ciel le beau scorpion qui commence, du fond de l’horizon, sa marche oblique. « Demain matin, dit Maxence, vers la deuxième heure, l’aile marchante de cette harka céleste aura gagné les trois quarts du Ciel. Mais la terre n’est-elle pas aussi à sa place exacte, dans les routes libres du firmament ? »

Il se sent dans le jeu céleste en pleine sécurité. Et il ne ressent nulle inquiétude, parce que cet aiguillon ne l’a pas encore piqué de se dire « Mais où suis-je ? Où vais-je ? Quel est donc le sens de cette énigme que je suis ? », parce que cette morsure ne l’a pas encore mordu d’entendre : « Mais quelle est donc cette plaisanterie affreuse ? Et quel est ce théâtre où je pleure sous le masque qui rit ? »