Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/119

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où il s’élabore, dans le principal magasin.

Seul au centre du système, mais pris de la grande fureur poétique et de l’ivre exaltation, Maxence se sent réellement le centre du système. Il est l’esprit central qui anime la masse inerte, il est l’intelligence de toute cette lourde et immense matière…

La terre est battue de tous les vents, balayée de souffles mortels. Voyez-la, elle est un perpétuel gémissement, elle est une lamentation captive. Elle est pelée, nettoyée, lavée et relavée, grattée jusqu’à l’os par ces souffles du large qui lèchent, comme des langues de feu, sa vieille peau ridée, et tuent la plante, et la pierre même, et tout l’ordre de la nature. Et pourtant cette terre est sa terre, à lui, elle est la terre d’un homme, — cette misérable écorce pelée qui a chassé toute vie de son sein. Et comme il va vers des terres qu’il ne sait pas, de même le voya-