Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/136

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conseillère, — et lui-même, tantôt humble devant le ciel et tantôt orgueilleux devant la terre, tantôt inquiet de la déficience de l’azur et tantôt rassuré par l’immense possession terrestre, tantôt très petit devant ce qu’il n’a pas et tantôt très grand devant ce qu’il a, c’est un double cœur qu’il promène dans la duplicité de l’Afrique.

Pourtant, in medio leporum, du sein même de la félicité terrestre, naît une mortelle inquiétude. « Certes, dit l’âme inquiète, ce devoir est bien tracé, qui guide mes pas et ordonne mes démarches. Et pourtant il me semble que mes pas ne sont guère assurés et que mes démarches sont celles du rêve. Je suis ce poisson qui se gouverne habilement dans l’élément de l’eau et qui pourtant jamais ne connaîtra la mer, faute de la pouvoir contempler du rivage. Je ne défaillerais pas, si je n’avais