Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/184

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rythmaient le silence… « A la ! A la ! A la riva ! » Mais lui se taisait, ne pensant à rien, et il ne restait dans tout son être que cette sensation persistante : le balancement égal et monotone du chameau avec la détente mesurée des quatre membres, l’un après l’autre, sur le sable…

Ce jour-là, en revenant vers le poste, Maxence admirait, au-dessus des gravats desséchés de la presqu’île, les quatre grands pylônes de la télégraphie sans fil. Il se considérait, Français, hautement possesseur de ce sol, et, au delà, par ces mâtures métalliques recueillant les nouvelles du monde, il prenait mesure de toute la terre. Et, dans l’enivrement de cette incomparable royauté : « Venez… » dit-il aux Maures. Des étincelles remplissaient l’espace d’une petite pièce vitrée où l’on apercevait la confusion ordonnée des fils dans des tremblements de cuivre. Sous un hangar voisin, un moteur battait