Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fondent. Eux-mêmes se dressent en accusateurs, et ils se tiennent, devant lui avec le vivant reproche de leur visage de douleur…


Maxence quitta Port-Étienne avec la conviction qu’il était un très pauvre homme, — mais riche de cette certitude, il se replongeait dans le désert avec la sombre ivresse du chercheur d’or, aux plus profondes forêts de la Guyane. Rien de ce qu’il savait n’était la satisfaction profonde de l’esprit se retrouvant tout entier, et s’épuisant dans la plénitude de l’embrasement victorieux. Nul maître n’était pour lui le maître incontestable. Nulle parole, de toutes celles qu’il avait reçues, n’était la parole de la vie. Et pourtant, il sentait confusément que ce serait là, dans le silence des sables éternels, que se dresserait le Bon Pasteur, tendant à la brebis nouvelle ses