Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/205

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si Vous avez dit : Cela est, je ne dirai pas : Cela n’est pas, si cela est. »


Ainsi pensait Maxence vers la seconde année de ses voyages sahariens, sentant s’agrandir en lui sa capacité intérieure et le cercle de la possibilité spirituelle. Comme il était dans la plaine rocheuse du Tijirit, une pluie tomba, et ce soir-là, un ciel de merveille l’accueillit au sortir de sa tente. Il était peint de couleurs inaccoutumées, et sa teinte translucide était faite de vert d’eau très pâle, dans des profondeurs liquides. Elle rappelait aussi certaines roses délicates que Maxence avait vues en Chine, ou bien certains fonds de mer, dans les golfes de Bretagne. Vers le zénith, le tableau se fondait en rose, insensiblement, tandis que vers l’horizon, quelques nuages s’allongeaient, légers, et proches de l’éther glacé. Le soleil venait de disparaître, et