Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/230

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qu’un éternel repos ? Alors, on se sent lâche et courbé, le traître désir survient, de quelque douceur en la vie… Mais non ! la flamme dans cet homme n’est pas morte, le dur aiguillon de la fièvre n’a pas encore cessé de le mordre. À peine le départ est-il donné, c’est fini. Maxence hume l’espace endormi, toute la profondeur éventée le pénètre, son esprit s’ouvre immensément devant la nuit.

Ils vont tout droit, sur les plaines sans routes, l’avant-garde en pointe, avec les guides. Puis le chef, seul, est signalé par la hauteur prodigieuse de son dromadaire blanc. Et parfois, du claquement de langue qu’il faut, il met au trot le monstre glissant bien sur le tapis des herbes jaunes. Les étoiles, une à une, se lèvent vers l’horizon oriental, tandis qu’à l’autre bord, la lune s’enveloppe dans les brumes du couchant. Ils vont tout droit,