Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/231

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dans le vent froid, dont le frissonnement s’est levé en même temps que les ténèbres totales descendaient sur la terre. Et c’est l’heure mortelle où la lune est couchée, tandis que tarde encore le soleil… Voici l’aube enfin, et voici la lumière victorieuse et l’embrasement, en un instant, de toute la terre. Autour des voyageurs, il y a des nappes de petites graminées dont les chameaux sont gourmands. Les peaux de bouc sont pleines d’eau. On s’arrêtera donc ici, en attendant que de nouveau la nocturne fraîcheur ouvre la route.

La journée, comme un fruit tardif, sera lente à mûrir. Ah ! que cette longue patience s’accorde mal avec l’ardeur d’une âme qui ne peut plus attendre ! Que Maxence se recueille dans l’ombre chaude de sa tente, qu’il promène son ennui sur la terre tremblante de lumière, il a la certitude que l’effort de sa médi-