Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/281

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le sol craquait sous les pas des chameaux. Sur la gauche était une dune, un vague buisson. Lieu tragique, nature ennemie ! Les ouvertures noires des puits disposées en demi-cercle étaient proches. Maxence sentait l’inquiétude d’un de ces éternels recommencements, — recommencements des choses et recommencements de nous-mêmes — et il vivait ce drame d’être dans l’exacte répétition, dans l’implacable restitution des heures semblables. Il bâilla. Le guide l’entraîna vers les puits. Tous étaient à sec, sauf un seul, où croupissait, à une faible profondeur, une eau noire. Il faisait lourd, la chaleur avait une exhalaison sauvage…

— J’ai soif, dit Maxence, tire-moi de l’eau.

Il se retourna, vit le guide qui faisait une grimace et montrait quelque chose, tout près du puits. C’était, à demi enfoui dans le sable, un cadavre. La chair