Page:Psichari - Le Voyage du centurion (1916).djvu/63

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coude et se sentit heureux. L’heure était douce, de renoncement total, de doux abandonnement. L’Afrique est ainsi, tout à fait semblable à cette heure. Elle est de soumission, la terre d’Afrique, et non de révolte. Il y faut obéir, et non plus se cabrer sous le joug. À tout jamais lointaines, les malédictions de l’ouvrier qui jette, harassé, sa pioche, en un coin de la mansarde. À tout jamais lointains les blasphèmes, et lointaines les imprécations, quand, la tête renversée en arrière, on assure son front par des hochements. Oui, cette heure-là était d’obéissance, de confiance éparse. D’obéissance à quoi ? De confiance en quoi ? Maxence l’ignorait, il était pénétré de la mansuétude de cet instant nocturne, dans le recreux du roc, près de ses gens, tandis que l’humble riz crevé bouillonnait dans les marmites, au-dessus des brindilles fumeuses.

Ainsi son cœur plein d’affection débor-