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RÉCITS DU LABRADOR


LE LOUP-CERVIER


Je vous ai entretenu du lièvre, de sa chasse et des mésaventures dont il est la pitoyable victime, mais j’ai négligé de vous parler de ses organes. J’ai eu tort et je dois réparer une omission si regrettable, les organes étant, chez les animaux comme chez les hommes, les facteurs indispensables de leur existence et les causes indiscutées de leur mort.

Avant toute chose, et quoiqu’il m’en coûte, laissez-moi vous exprimer une vérité profondément humiliante pour notre espèce : de tous les mammifères, nous sommes les moins complets.

La nature nous a privés des organes que je me permettrai d’appeler surrérogatoires ; et, sauf de bien rares exceptions, elle en a au contraire, trop abondamment pourvu la plupart des animaux qui composent la classe dont notre vanité nous a fort sottement déclarés le plus bel ornement. Cependant, en nous privant de l’appendice que Victor Considérant réclamait avec tant d’avidité comme terme du perfectionnement humain, elle ne fut point marâtre,